«Ici»: Tom Hanks, Robin Wright et Robert Zemeckis réunis 30 ans après «Forrest Gump»
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Le ici du titre est une maison, celle dans laquelle vivent les personnages campés par Tom Hanks et Robin Wright dans ce nouveau film de Robert Zemeckis où un logiciel de rajeunissement (de-aging en anglais) permet de les revoir comme au début de leur carrière.
La première scène du film, «celle que nous avons tournée en premier», de nous dire Tom Hanks lors d’une table ronde à laquelle a participé l’Agence QMI, montre Richard (Tom Hanks) et Margaret (Robin Wright), désormais âgés, revenant dans la maison où ils ont vécu pendant des décennies. Quelques minutes plus tard, on les retrouve à peine sortis de l’adolescence, lorsque Richard présente sa douce à son père, Al (Paul Bettany), et sa mère, Rose (Kelly Reilly).
Le spectre de l’IA…
Ce tour de passe-passe temporel est l’œuvre d’un logiciel appelé Metaphysic Live, une technologie d’intelligence artificielle générative (IAG), indispensable pour donner vie à Ici au grand écran. Car le long métrage est l’adaptation, par Zemeckis et Eric Roth (le scénariste de Forrest Gump) du roman graphique éponyme. Le point central en est moins les personnages que le lieu – la caméra du cinéaste demeure au même endroit, dans le salon – qu’on voit évoluer depuis la formation de la Terre.
Tom Hanks et Robin Wright dans «Ici» de Robert Zemeckis.
PHOTO FOURNIE PAR VVS Films
«L’outil a fouillé internet pour trouver des entrevues que nous avions faites, Tom et moi, lorsque nous avions 19, 20 et 21 ans. Ces données ont ensuite été versées dans nos “jeunes” visages. […] Cet outil a donné à mes yeux l’éclat qu’ils avaient quand j’étais jeune et innocente. Nous n’aurions jamais pu nous imiter nous-mêmes à 19 ans. C’était tout simplement impossible avec toute l’expérience de vie que nous avons 40 ans plus tard», nous explique Robin Wright.
Avec enthousiasme, Tom Hanks explique que «nous savions que ce super ordinateur ferait, en quelques nanosecondes, le travail de postproduction de plusieurs mois. Nous filmions les scènes puis les regardions avec le procédé de rajeunissement. D’un côté, c’est choquant – on se voit avec 50 ans de moins – et de l’autre – qui dure une minute et demie –, c’est amusant car c’est à ce moment qu’on voit tout le travail qu’il faut accomplir.»
«Avec Robin, nous sommes devenus très techniques rapidement, réalisant qu’il fallait que nous améliorions notre posture, que nous nous levions plus rapidement, que nous parlions plus vite, que nos yeux en savaient trop, etc.»
Tom Hanks et Robin Wright dans «Ici» de Robert Zemeckis.
PHOTO FOURNIE PAR VVS Films
L’acteur oscarisé à deux reprises et dont c’est le cinquième film avec Robert Zemeckis poursuit: «Il y avait quatre plateaux au total, mais nous n’avons travaillé que sur un seul, celui de la maison. Le tournage était divisé en fonction de nos âges dans le film et nous l’avons filmé dans l’ordre. Pour Robin et moi, ça a été très compact, tant physiquement qu’émotionnellement.»
Robert Zemeckis a souvent été à l’avant-garde de la technologie, que l’on pense à Forrest Gump pour l’ajout de personnages fictifs dans des images d’archives ou à Boréal Express pour l’utilisation, désormais habituelle, de la captation de performance.
«Je n’ai pas la prétention de savoir ce que nous réserve l’avenir en ce qui concerne la technologie, dit-il. Tout va tellement vite que je suis incapable de le savoir.»
Tom Hanks et Robin Wright dans «Ici» de Robert Zemeckis.
PHOTO FOURNIE PAR VVS Films
Dans son nouveau long métrage, il considère Metaphysic Live comme «du maquillage digital. Je vous avoue que je ne sais pas du tout ce que les termes “intelligence artificielle” veulent dire. Je ne fais qu’utiliser un ordinateur extrêmement rapide pour créer ces images.»
«La raison pour laquelle l’illusion du maquillage digital fonctionne est tout simplement que ce sont les acteurs qui font vivre les personnages. Il n’y a aucune animation, tout repose sur leur performance chaleureuse, humaine, émotive. C’est la clé du succès de tout cela», ajoute le réalisateur.
Au centre de tout
«Les histoires humaines sont un langage universel, souligne le metteur en scène de Retour vers le futur. Quand un film aborde des thèmes universels, auxquels nous pouvons tous nous identifier, ils peuvent alors être traduits dans n’importe quelle langue et voyager dans n’importe quel pays.»
PHOTO FOURNIE PAR VVS Films
Volontairement ambitieux, Ici se donne comme objectif d’examiner le passage du temps, depuis les Amérindiens (le couple est joué par Dannie McCallum et Joel Oulette) jusqu’à aujourd’hui avec les Harris, une famille afro-américaine (incarnée par Nikki Amuka-Bird, Nicholas Pinnock et Cache Vanderpuye).
«Non, je n’ai pas peur de mourir, lance Tom Hanks. Mais, avec l’âge, on découvre que le temps n’est pas infini. Quand on était enfant, une journée durait tellement longtemps, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je me lève vers 5h30, 6h parce que je suis conscient que les journées n’ont que 24 heures. Et pourtant, quand je vais me coucher, je me demande si j’en ai assez fait. Ai-je assez pensé, parlé, lu, créé, partagé avec ceux que j’aime? Le temps file pour un gars comme moi! J’ai 68 ans, je suis en fin de parcours! Je n’ai pas peur, mais je suis extrêmement conscient que tout ceci n’est pas éternel.»
Des retrouvailles émouvantes
La dernière fois que Robert Zemeckis a dirigé Robin Wright et Tom Hanks, c’était pour Forrest Gump, long métrage iconique qui a remporté six Oscars et rapporté 678,2 M$ au box-office international.
Tom Hanks et Robin Wright dans «Ici» de Robert Zemeckis.
PHOTO FOURNIE PAR VVS Films
«J’ai adoré chaque minute de mon travail sur Forrest Gump, a indiqué Robin Wright. J’ai adoré l’histoire, j’ai adoré travailler avec Bob et Tom, nous nous sommes tellement amusés. J’ai l’impression que nous avons toujours parlé le même langage, eu la même vision. Et quand nous nous sommes retrouvés, c’est comme si aucun temps ne s’était écoulé.»
«Puisqu’il s’agit de mon quatrième film avec Bob et du cinquième de Tom, nous n’avons jamais vraiment perdu le contact. Par contre, nous n’avons pas vieilli ensemble, nous ne nous voyons pas toutes les semaines. De se retrouver, maintenant que nous sommes des adultes d’âge mûr a été formidable», précise l’actrice.
Tom Hanks abonde dans le même sens. «C’est comme si les 30 dernières années n’avaient pas existé. Et pourtant, nous avons pris un moment pour noter que 30 ans étaient bel et bien passés […]», dit-il, se souvenant de la première journée de répétitions pour Ici.
Ici illumine les écrans des salles obscures de la province dès le 1er novembre.
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